- ZHOU ENLAI
- ZHOU ENLAIZHOU ENLAI [TCHEOU NGEN-LAI] (1898-1976)Après des études classiques et un passage à l’université Waseda de T 拏ky 拏, Zhou Enlai, qui est né à Shaoxiang (Zhejiang) dans une famille aisée de lettrés, participe au Mouvement du 4 mai en 1919 et se joint aux intellectuels attirés par l’étude du marxisme (Chen Duxiu, Li Dazhao, Mao Zedong). En 1920, il se rend en Europe, rencontrant à Paris et à Berlin Li Lisan, les deux fils de Chen Duxiu et Zhu De; en 1922, il fonde à Paris un groupe de jeunesse communiste chinoise. Ses principales activités d’alors semblent avoir été la pratique militante au sein du Guomindang (GMD) et du Parti communiste chinois (P.C.C.).De retour en Chine en 1924, il obtient, par l’entremise de Tchiang Kai-chek, de diriger le département politique de l’Académie militaire de Whampoa, puis est commissaire politique dans l’«expédition du Nord» contre les seigneurs de la guerre. À partir de mars 1926, quand Tchiang Kai-chek exclut de son parti les communistes, Zhou Enlai dirige, entre deux arrestations, les grèves de Shanghai. Lors du différend qui s’élève au sein du P.C.C. sur l’opportunité de continuer la collaboration avec le GMD, Zhou Enlai adopte la ligne de gauche et entre au bureau politique en 1927. Peu après, la rébellion armée de Nanchang (1er août 1927), organisée par Zhou Enlai et Li Lisan, est écrasée; de nombreux membres du bureau politique qui avaient été élus en avril, lors du Ve congrès du P.C.C., en sont chassés pour avoir participé à cette insurrection «aventuriste». Plus chanceux, Zhou Enlai est relégué au rang de suppléant; il est vrai que, sitôt l’échec de l’insurrection, il a dénoncé l’«opportunisme» des autres membres et affirmé son soutien aux membres du nouveau bureau politique. La répression nationaliste le fait fuir à Hong Kong et, en 1928, il va à Moscou suivre les cours de l’université Sun Yat-sen sur le marxisme-léninisme et sur la stratégie révolutionnaire. Le P.C.C., dirigé de facto par Li Lisan, suit une politique aventuriste, dont Zhou Enlai condamne plus la pratique que la conception, jusqu’à ce que l’appareil soit repris en main par les communistes formés à Moscou par Pavel Mif. Le «lilisanisme» est discrédité et Zhou Enlai accusé, avec Qu Qiubai, d’avoir été trop modéré à son égard. Zhou Enlai doit faire son autocritique, mais cette attitude lui vaut de conserver ses fonctions au comité central du P.C.C.Commissaire au front en 1927 et responsable alors du département militaire du comité central, Zhou Enlai a participé à la fois aux principales insurrections urbaines de 1927 (Nanchang, Shantou, Canton) et à la constitution de l’Armée rouge chinoise; aussi, outre son alignement sur le nouveau bureau politique, ses qualités militaires et la place qu’il a tenue à Whampoa lui valent-elles de conserver la direction de la section des affaires militaires au comité central et de diriger de 1931 à 1934 l’université de l’Armée rouge implantée dans le Jiangxi; en 1934, à la veille de la Longue Marche, il mobilise plus de cent mille «gardes de la jeunesse»; durant les longs mois de mouvement des armées communistes, il soutient et organise avec Mao Zedong leur survie. Après la Longue Marche et l’installation de la base communiste du Shaanxi, il prend contact, en qualité de négociateur mandaté par Mao Zedong, avec Zhang Xueliang: celui-ci combat les communistes mais veut surtout reprendre son fief mandchou, abandonné au Japon; ces négociations secrètes (1936) débouchent sur la proposition d’un front uni P.C.C.-GMD antinippon, que Tchiang Kai-chek, capturé à Xi’an, acceptera, en partie sous la contrainte, en partie persuadé par Zhou Enlai.Négociateur attitré entre Yan’an et Nankin, Zhou Enlai est chargé d’organiser le front uni, expliquant le sens du combat révolutionnaire auprès de la presse européenne conviée à Yan’an, tout en cherchant un appui de Moscou. Il conserve ce rôle diplomatique après la défaite japonaise, quand Washington offre sa médiation pour un accord P.C.C.-GMD. Mais la rupture est inévitable, malgré les négociations de Chongqing, où Zhou Enlai tente de convaincre les Américains de valider la position communiste, et la mission Dong Biwu, porte entrebâillée pour un accord.Après la guerre civile, Zhou Enlai devient Premier ministre avec l’énorme tâche de contrôler à tous les échelons les zones occupées et d’y organiser le nouveau régime. Cumulant le portefeuille des Affaires étrangères en 1949, il devient le porte-parole de la Chine populaire dans le monde. Signataire, avec Vychinski, du «traité d’alliance, d’amitié et d’assistance mutuelle» avec Moscou, qui rapproche Pékin de l’Union soviétique lors de la guerre de Corée (1950-1953), Zhou Enlai négocie la restitution par Moscou de Port-Arthur et des chemins de fer mandchous. Quand meurt Staline (mars 1953), Zhou Enlai apparaît aux funérailles au même rang que les leaders moscovites. Dès lors, il participe à tous les débats majeurs qui concernent les grandes options de la politique extérieure chinoise (Genève, 1954) et engage avec le Tiers Monde des relations politiques fondées sur «cinq principes»: respect mutuel de l’intégrité et de la souveraineté nationale, non-agression, non-intervention dans les affaires intérieures, égalité et bénéfice mutuel, coexistence pacifique.Lors de la Conférence de Bandung (1955), Zhou Enlai prêche raison et modération aux pays afro-asiatiques conscients de leur force nouvelle; il en tire un triomphe personnel et assure à la Chine un poids et une audience considérables. Parrallèlement, un pas est fait en direction de Washington pour détendre la situation en Asie et régler le problème essentiellement chinois, donc intérieur, de Taiwan. Lorsque éclate le différend sino-soviétique (1956), Zhou Enlai se dépense à Moscou, à Varsovie et à Budapest pour freiner le processus de détérioration des relations entre la Chine et l’U.R.S.S. et sauvegarder l’unité du camp socialiste; puis, en 1958, il laisse à Chen Yi les Affaires étrangères, conservant le seul poste de Premier ministre. La rupture Moscou-Pékin et la lenteur des négociations sino-américaines, freinées par la question de Taiwan, conduisent la Chine à nouer des alliances en Asie et aussi en Occident; la Chine, en outre, confirme sa fidélité aux cinq principes lors du conflit sino-indien (1962) et se garde d’opérer une avancée de ses troupes qui mette en difficulté New Delhi et interdise la négociation.Réélu au comité central et au bureau politique du P.C.C. de manière constante, Zhou Enlai se déplace beaucoup dans le monde jusqu’à la «grande révolution culturelle prolétarienne». Numéro trois dans la hiérarchie de l’équipe dirigeante de Pékin, il traverse ces années de «guérilla politique» dans le sillage de Mao Zedong. Alors que presque tous ses pairs voient leur étoile décliner, ce pragmatiste sait éviter tous les écueils grâce à ses qualités de gestionnaire et d’organisateur, qui ont fait de lui le seul leader véritable du P.C.C. à travers cette période de bouleversement politique. Il est difficile de préciser quel est le rôle du Premier ministre entre 1965 et 1969, mais il semble évident que sa maturité politique, son expérience de la diplomatie, ses talents reconnus de persuasion, utilisés avec une grande souplesse, en ont fait un personnage indispensable de la révolution culturelle dans laquelle il a été un élément de modération. Les derniers succès diplomatiques de Zhou Enlai sont indiscutablement le rapprochement avec Washington et l’admission de la Chine aux Nations unies.Zhou Enlai, atteint d’un cancer dès 1972, doit réduire son activité à partir de 1974 et meurt en janvier 1976, quelques mois avant Mao. Il a installé comme dauphin Deng Xiaoping qui, après une brève éclipse en 1976-1977, dominera la scène politique chinoise jusqu’au début des années 1990.Zhou Enlai ou Chou En-lai(1898 - 1976) homme politique et général chinois. Après des études achevées au Japon et en Europe, il adhéra au parti communiste. Il organisa l'armée de la première Rép. sov. chinoise (1931), puis participa à la Longue Marche (1934). Il mena les négociations entre le Guomindang et le Parti communiste chinois (1936-1946). Premier ministre de 1949 à sa mort, il oeuvra en faveur de la solidarité afro-asiatique et amorça la politique de détente avec les États-Unis.
Encyclopédie Universelle. 2012.